MOBILITÉS-MIGRATIONS-EUROMED
Par Ibrahim Alabi ORIDOTA*
MOBILITÉS ET DÉVELOPPEMENT EN MÉDITERRANÉE
Comment peut-on mettre les mobilités au service du développement économique, social et politique autour du bassin méditerranéen ? Telle est la question à laquelle répond un ouvrage de référence qui vient démystifier un sujet sensible et fournir un outil théorique et pratique pour moderniser les politiques de mobilité des personnes sur les deux rives de la Mare Nostrum.
Mobilités et politiques migratoires
Malgré la grande médiatisation dont bénéficie l’immigration, ses réalités ont peu de rapport avec la perception du phénomène migratoire et de l’immigré qui le matérialise par l'opinion publique. C’est pour réduire cet écart que trois éminences grises se sont réunies sur l'iniative de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) pour présenter les conclusions de plusieurs travaux dans un livre dont le titre résume l’ambition : « Méditerranée : Passer des migrations aux mobilités ».
Le contenu de cet ouvrage collectif de 120 pages qui est à la fois dense et compacte se présente sous formes de postulats. « Il n’y a pas d’intégration économique régionale sans mobilité professionnelle. La réalité de la population et les migrations autour de la Méditerranée démystifie l’opposition qui est entretenue entre la fécondité et les croissances démographiques du Nord (Union européenne) d'une part et, d'autre part, de celles des pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Les migrations internationales et les politiques de développement reposent sur une inadéquation vérifiée des politiques migratoires dans les pays du Nord. La mobilité des professionnels dans l’espace euro-méditerranéen a besoin d’un dispositif législatif adapté pour produire du développement. A l’instar des guichets uniques destinés à simplifier les démarches administratives qui incombent aux créateurs de richesses que sont les entrepreneurs, un outil est préconisé dans ce livre pour faciliter la mobilité des professionnels : la mise en place d’un passeport "spécial" mobilités ».
L’ouvrage et ses auteurs
C’est autour de Pierre Beckouche, professeur de géographie à l'Université Paris I Panthéon Sorbonne, directeur du Groupement d'intérêt scientifique « Collège International des Sciences du Territoire », et conseiller scientifique à Ipemed ; d’Ali Bensaâd, géographe et chercheur associé au centre Jacques Berque de Rabat au Maroc et d’Hervé Le Bras, démographe, directeur de recherche à l'Ined et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et membre de la Commission Attati, que l’ouvrage a été récemment présenté à la presse. Parmi les nombreux contributeurs dont les travaux alimentent le contenu de cet ouvrage, citons au passage, El Mouhoub Mouhoud, Héléna Valdenassi, Leila Zlaoui, Chales Abdallah.
De gauche à droite : Hervé Le Bras, directeur de recherches à l’Ined ; Pierre Beckouche, conseiller scientifique et Ali Bensaâd, chercheur associé au centre Jacques Berque de Rabat, Maroc.
Photo : DR, avec la permission d’Alfred Mignot
Journal des Méditerranées – www.LeJmed.fr
« Méditerranée : Passer des migrations aux mobilités » est bâti autour d'un rapport préalablement rédigé par Hervé Le Bras sur l'évolution démographique de long terme en Méditerranée. Ce rapport montre que l'Europe n'a pas besoin d'apports extérieurs massifs de main-d'œuvre pour contrebalancer la baisse de sa fertilité, et qu'en revanche les migrants venus des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (Psem) jouent et joueront un rôle important au Nord pour des raisons non pas démographiques mais économiques parce qu’ils facilitent les ajustements sur des marchés du travail fragmentés. Un texte d'El Mouhoub Mouhoud lui oppose une nuance forte sur un aspect sensible : celui de la fuite des cerveaux, quelques fois désigné de brain drain - question clé qui sert de justification à la politique protectrice de l'Union européenne vis-à-vis de l'immigration. Les résultats d'une étude d'Ipemed sur la demande de mobilité de la part des réseaux professionnels transméditerranéens ferment la marche avec une synthèse des débats organisés par l'Ipemed au cours de l'année écoulée sur la question, stratégique, qui met en perspective la réussite de l'intégration régionale euro-méditerranéenne.
Un incontournable rituel
La présentation de l’ouvrage à la presse n’a pas échappé au rituel des questions réponses qui méritent d’être brièvement encapsulées. « Si Erasmus a permis avec un incontestable succès d’affirmer l’identité européenne, les logiques de fermetures des frontières restent un frein actuel et contreproductif qui entrave la liberté de circulation et impacte négativement le dynamisme migratoire qui devait répondre aux grandes mutations en cours à l'échelle mondiale. Le taux des migrations est inversement proportionnel au niveau du développement. Un développement élevé entraînerait ainsi un faible besoin migratoire, d’où la question : la mobilité, c’est quoi au juste ? Les mobilités se composent de séjours inférieurs à six mois. Elles permettraient ainsi une flexibilité qui influe sur les soldes migratoires par le besoin d’amélioration qu’elles suscitraient pour les législations du travail. La liberté de circulation est donc expliquée comme étant la fondation d’une politique de mobilité qui serait socialement et économiquement productive. En accueillant environ 400.000 Libyens qui ont fui leur pays, souvent par des gens de petites conditions, la Tunisie vient à nouveau de donner un exemple à suivre par les pays du Nord. Le traitement de la question du droit du travail des demandeurs d’asile est encore embryonnaire et mérite d’être sérieusement mis en chantier. L’expatrié est un immigré. Si tous les pays ouvraient simultanément leurs frontières, les mobilités et flux migratoires qui en résulteraient ne seront une menace pour personne ! » Voir, à ce titre, le chapitre consacré en annexe, au système des visas. Cet ouvrage paru dans la collection « Construire la Méditerranée », est de toute évidence à mettre dans toutes les mains.
L'Ipemed en bref
L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen, (Ipemed), se décrit comme une association de réflexion sur le rapprochement des deux rives de la Méditerranée par l’économie. Indépendante des pouvoirs politiques et ne recevant aucun financement, elle est dirigée par Jean-Louis Guigou, son délégué général. La gouvernance de l’Ipemed est présidée par Radhi Meddeb avec Pierre Beckouche, conseiller scientifique et Anne-Caroline Tanguy, conseillère pour l’Europe, entre autres. L'organisme associatif a compté Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères nommé à ce poste le 27 février 2011 par le Président Nicolas Sarkozy, parmi les membres de son comité de pilotage avec Elisabeth Guigou, Ancien ministre et Vice-présidente de l'Assemblée nationale française depuis le 5 octobre 2010 qui a démissionné de la coprésidence d’Ipemed tout en restant membre de son comité de parrainage politique (CPP), en témoignage de son engagement en faveur du processus euro-méditerranéen. L’Ipemed produit de nombreux ouvrages et édite deux publications : IPEMED NEWS, un mensuel et LES NOTES IPEMED, une revue d’études et d’analyses dédiée à la mobilité.
Pour en savoir plus : http://www.ipemed.coop
* Auteur du livre à paraître intitulé
Le tourisme en Afrique méditerranéenne : Le moment d’entreprendre.
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Africa Diaspora™ Parallaxes est un nouveau blog animé par
*Ibrahim Alabi ORIDOTA, journaliste et tourisme conseil - oridota@online.fr
Son premier livre : À Paris dans la peau d'un SDF : Au-delà des Pyrénées - Tome 1
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Date de publication : vendredi 20 mai 2011 à 21:00
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